dimanche 15 février 2009

Antiquité grecque

Chapitre 1 : L’antiquité.

L’histoire de la politique occidentale débute avec deux cités exemplaires qui furent fondées à peu près en même temps : Rome et Athènes. Deux cités qui donnèrent au monde deux concepts politiques fondamentaux : la République à Rome et la Démocratie à Athènes. Il est à noter que républicains et démocrates sont encore aujourd’hui les deux grands partis américains, c’est dire si ces deux concepts ont su traverser l’histoire. Quelle différence y-a-t-il entre république et démocratie ? Pour résumer, nous dirons que la République est le règne du droit là où la démocratie est le règne du peuple.

I : La cité grecque.

Dans la Grèce antique, si un homme fait la guerre, c’est à l’appel de la cité ; s’il prie les dieux et participe aux cérémonies religieuses, c’est dans le cadre de la cité ; s’il se sent civilisé, c’est du fait qu’il appartient à la cité. La notion de cité, création vivace et originale du peuple grec, a dominé toute son histoire et toute sa pensée.
Chez Homère, la notion de cité a 3 sens différents : elle est à la fois l’agglomération urbaine, l’unité politique qui constitue un Etat et l’ensemble des citoyens considérés comme un corps politique.
La cité a généralement pour origine le regroupement de plusieurs villages et/ou tribus autour d’un centre administratif voué à s’étendre. Elle est donc le résultat de l’alliance entre des unités plus petites, alliance dont on raconte l’histoire sous forme de mythes (c’est par exemple Thésée qui aurait regroupé les peuples de l’Attique pour fonder Athènes). Cette dimension mythique de la cité témoigne de sa dimension quasi religieuse, en effet, les lois de la cité sont considérées comme sacrées et célébrées comme telles. Athènes tient son nom de sa divinité tutélaire (Athéna) et il y a un lien fort entre l’identité politique des citoyens et la dimension mythologique et religieuse de la cité.
Bien que la notion de cité se rapporte à celle de ville, la cité grecque est avant tout un territoire de taille assez restreinte (la taille d’un département français pour les plus grandes), territoire dans lequel sont produites la plupart des denrées de subsistance ainsi que tout ce qui est nécessaire à la construction de bâtiments et de navires (le peuple grec étant pour une bonne part un peuple de marins). Au centre de ce territoire se trouve généralement une cité (ce qu’on appellerait aujourd’hui une capitale) qui regroupe l’essentiel de la vie politique, religieuse et commerciale. Le centre de la cité étant l’agora, à la fois place du marché et lieu où se déroulent les débats entre citoyens autour des divers problèmes qui agitent la vie politique.
La population de la cité se décompose essentiellement en trois groupes : Les citoyens et leurs familles, les esclaves et les métèques. Les citoyens sont en pratique les seuls à jouir des droits et avantages que procure la cité, ils sont les seuls que la loi protège en cas de problème (en -432, il y a à Athènes environ 40 000 citoyens, 150 000 avec leurs familles). Les esclaves sont des résidents privés de droits, propriétés des citoyens, ils sont considérés comme des instruments doués de parole déchus de leur humanité. Ce sont les esclaves qui s’acquittent de la quasi-totalité des tâches manuelles, ces dernières étant regardées avec mépris par les citoyens ; mais il peut aussi leur arriver d’exécuter un travail intellectuel (l’éducation des enfants est souvent prise en charge par des esclaves et plusieurs grands philosophes furent esclaves à certaines périodes de leur vie comme Platon ou Diogène par ex). En -432 ils sont au nombre de 110 000 à Athènes. Enfin les métèques sont des étrangers résidant dans une cité grecque, ils n’ont pas plus de droits que les esclaves mais ils ne sont pas la propriété de quelqu’un et peuvent circuler comme bon leur semble. Aristote, par ex, était un métèque, citoyen macédonien, il résidait à Athènes. Les naturalisations n’existent quasiment pas à cette époque (il n’y a que 4 cas recensés dans toute l’histoire grecque antique), il est donc généralement impossible pour les métèques d’acquérir le « droit de cité » CAD la citoyenneté, ce qui les met dans une position potentiellement dangereuse en cas de crise. Leur population est estimée à 10 ou 15 000 (40 000 avec les familles) à cette même époque.
Si la cité peut se comprendre à la fois comme territoire et comme peuple, c’est cependant ce deuxième aspect qui est prépondérant pour les grecs, la cité subsiste tant qu’il y a des citoyens pour la représenter et qui sont prêts à s’exiler en cas de perte du territoire. De ce fait, c’est le droit du sang qui prédomine et non le droit du sol et les citoyens se définissent souvent par leur appartenance à l’une des tribus ou familles qui sont reconnues comme parties prenantes d’une même cité.
Au niveau des institutions, l’exercice du pouvoir est partagé entre l’assemblée des citoyens, le ou les conseils et les magistrats. L’assemblée (ecclesia) regroupe tous les citoyens jouissant de leurs droits politiques. Etant donné que cette assemblée (40 000 personnes à Athènes) ne se réunit que rarement, les affaires courantes sont suivies par le conseil (boulé). Les magistrats quant à eux assurent les services publics et mettent en application les décisions de l’assemblée ou du conseil, ils sont répartis en fonction des tribus. Les membres du conseil sont désignés différemment selon les types de régimes ; dans un régime aristocratique, c’est l’appartenance à une famille noble qui rend membre du conseil ; dans un régime oligarchique, c’est la richesse qui est déterminante ; dans une démocratie, les représentants du conseil sont élus à main levée par l’assemblée. Il est bien évident que cette dernière n’est jamais réunie au complet et que seuls ceux qui s’y rendent y votent régulièrement. A Athènes, l’assemblée se réunit environ trois fois par mois et la procédure qui requiert le plus de participants (6000 pour l’ostracisme) n’a lieu qu’une fois par an s’il y a suffisamment de participants.
Oligarchie, aristocratie et démocratie sont des types de régimes politiques dans lesquels le respect des lois est fondamental, ces dernières étant considérées comme sacrées. Le seul type de régime qui fait exception à cette règle est la tyrannie dans laquelle le monarque règne selon sa volonté et non selon des lois. Les lois sont si importantes aux yeux des grecs qu’elles sont gravées sur des monuments de pierre visibles pour tous.
Au cours de leur histoire, les grecs n’ont jamais su produire de confédérations viables regroupant plusieurs cités. Ils ne le firent que lors des guerres qui les confrontèrent aux empires perses et carthaginois, conscients qu’ils étaient, malgré leurs différences et leurs conflits, de l’unité profonde de leur civilisation à travers leur langue et leur religion. L’unité du monde grec ne se fera que sous la domination du tyran Philippe de Macédoine et de son fils Alexandre, inaugurant la période « hellénistique ».

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Ma tronche

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DEA de Philo, longtemps intérressé par l'occultisme et les diverses religions, j'ai fini par revenir dans le giron du christianisme. Bien que non pratiquant, je me sens appartenir, par ma naissance et par ma formation, à la confession d'Augsbourg, CAD au protestantisme Luthérien. Ceci dit, et de ce fait, j'éprouve le plus vif intérêt pour les monothéismes en général. Je crois qu'avec la philosophie, peut s'entamer un dialogue, une communication saine que nous aurons à continuer sans relache pour affirmer notre désir de paix et de concorde sous l'égide du Seigneur.